L’École des Semeurs, c’est avant tout une association créée en 2018. Elle est née sous l’impulsion Wilfrid Roze, directeur d’une structure d’insertion et actuel président de l’association, de Marie-Cécile Pennequin, diplômée en entrepreneuriat social et directrice de l’établissement, et du réseau national des Écoles de Production. La raison d’être de cette association était de mettre sur pied une structure dont l’objectif serait d’accompagner les jeunes. Et pour leur redonner envie d’apprendre, on va les aider à s’épanouir par le travail de la terre, la vente de produits en circuit court. La directrice de l’établissement est convaincue que ce projet peut ramener des jeunes en rupture scolaire vers le monde de l’école. Elle qui est passée par des chantiers d’insertion par le maraîchage sait combien le travail de la terre peut être valorisant. Travailler pour nourrir d’autres personnes, n’est-ce pas donner un réel sens à son travail, un de manière de se sentir utile ? Elle met donc toute son énergie dans cette école et part à la rencontre des directeurs des établissements à proximité pour les inviter à orienter les élèves en décrochage vers son école.
Quand l’association se voit proposer l’opportunité de s’installer dans le parc du château de Beaumesnil, elle se saisit de cette chance. Il faut dire que ce lieu magnifique entouré d’un château de style Louis XIII, d’un restaurant gastronomique et d’un potager conservatoire est en plus situé au cœur d’une région où le taux de décrochage scolaire est supérieur à la moyenne nationale. C’était donc l’endroit idéal pour le futur établissement scolaire privé hors contrat qui ouvrira ses portes en janvier 2020. Une première promotion de neuf élèves retrouvera ainsi les bancs de l’école et évoluera dans les 4,6 ha de la ferme. Ils débuteront un cursus de deux pour obtenir un CAP Vente Primeurs que l’école est la seule à proposer en apprentissage. La formation existe, en effet, uniquement dans des lycées professionnels.
La formation est ouverte à des jeunes de 14 à 18 ans souvent en rupture avec le système scolaire. L’objectif est de les former sur tout le circuit des primeurs, de la production à la vente. Ils partent donc de l’apprentissage de la plantation des légumes et fruits pour arriver à la vente et savoir raconter le produit aux clients. Bien qu’il s’agisse d’un CAP, les élèves travaillent dans des conditions professionnelles à l’école, dès lors ils n’ont pas besoin de trouver un maître d’apprentissage.
Pendant deux ans, les jeunes consacrent une heure par semaine aux cours de mathématiques, de français, de physique-chimie et d’histoire-géographie. 70 % du temps est ensuite dédié à l’apprentissage. Les apprentis apprennent à produire, à récolter, mais aussi et surtout à bien vendre leurs produits. Pour cela, on leur apprend par exemple à maîtriser des notions comme la durée de vie des légumes, les méthodes de stockage, et le conditionnement. L’École des Semeurs leur apprend donc à devenir de véritables primeurs.
Puisque la vente est le point d’orgue de leur formation, c’est tout naturellement que les élèves de l’École des Semeurs partent régulièrement au contact des consommateurs. Ils ouvrent d’abord les portes de l’établissement aux particuliers chaque mercredi après-midi pour une vente-cueillette. L’occasion pour eux aussi de présenter leurs méthodes de culture.
Chaque mercredi matin, ils se rendent sur le marché du village voisin à La-Barre-En-Ouche où ils tiennent le stand de l’école. Enfin, des ventes à la ferme sont souvent organisées et ouvertes aux particuliers et aux professionnels.
L’École des Semeurs est véritablement un bel exemple d’insertion sur le territoire de Bernay. Quelle belle image que de redonner le goût de l’école à des jeunes, tout en leur apprenant un métier, mais aussi à respecter la terre, les produits. Finalement, l’école prépare également l’avenir du maraîchage.