Passé par les Compagnons Charpentiers Des Devoirs, Vincent Guesnet s’est construit à travers une formation alliant savoir-faire, transmission et valeurs humaines avant de devenir un entrepreneur accompli et un acteur local incontournable. Aujourd’hui installé à Bernay, il dirige une société de charpente, menuiserie et peinture, employant 16 personnes, et accompagne de jeunes compagnons en formation. En juillet 2024, il a pris la présidence de La Société des Compagnons Charpentiers des Devoirs du Tour de France de la ville de Paris, l’une des sept sociétés compagnonniques adhérentes à la Fédération Compagnonnique des métiers du bâtiment. Retour sur le parcours d’un compagnon adhérent du Cercle des entrepreneur.e.s de Bernay.
Un parcours sculpté par le compagnonnage
Originaire de Bernay, Vincent commence sa formation au lycée Augustin Boismard de Brionne, où il obtient un CAP de menuiserie. Lors d’un stage, il découvre la charpente, une révélation. Il enchaîne alors avec un deuxième CAP en charpente, cette fois dans le Jura, au sein de l’Institut Européen de Formation des Compagnons du Tour de France à Mouchard. C’est là que son chemin croise celui des Compagnons.
Le Statut de “Jeune” : L’Apprentissage Immersif
Devenir compagnon demande un investissement personnel fort. La formation repose sur une approche immersive qui va bien au-delà d’un simple apprentissage scolaire. Alors apprenti, Vincent intègre une maison de compagnons, où il alterne entre cours théoriques et pratique en entreprise. La journée, il est en stage en entreprise. Le soir et le samedi toute la journée, il travaille en atelier auprès des compagnons.
“C’est un parcours exigeant mais une aventure humaine et professionnelle unique”
Un mode de vie Communautaire
Les maisons de Compagnons sont des lieux d’accueil où les itinérants trouvent hébergement, entraide et échange. Cette vie en communauté leur offre un cadre propice à l’apprentissage et à la construction de liens forts entre compagnons de différents horizons. Le vivre ensemble y est organisé pour favoriser l’enrichissement mutuel entre ceux qui débutent, parfois des jeunes de 16 ans qui viennent de quitter le cadre familial, et ceux qui voyagent.
“Ni se servir, ni s’asservir, mais servir.”
Un Métier, Une Passion
Pour un compagnon, le métier va bien au-delà du simple savoir-faire technique. Il s’inscrit dans une histoire, une tradition et un ensemble de connaissances transmises de génération en génération. Chaque ouvrage réalisé témoigne de cette quête d’excellence, où précision et respect du travail bien fait sont primordiaux.
À cette étape, Vincent réalise ses premières maquettes techniques, et devient aspirant charpentier.
Le Tour de France : L’Expérience du Voyage
De Bayonne (Anglet) à Bordeaux, de la Roumanie à Grenoble, Vincent change chaque année d’entreprise, découvre de nouvelles techniques et s’adapte à des méthodes locales variées. L’expérience est autant professionnelle qu’humaine : il vit en maisons de compagnons, partage le quotidien d’autres aspirants venus de toute la France.
Ce voyage initiatique forge l’adaptabilité du compagnon, son ouverture d’esprit et sa capacité à s’intégrer dans des environnements variés. Aujourd’hui, cette expérience peut aussi s’étendre à l’international, enrichissant encore davantage leur apprentissage. Il apprend à trouver sa place, à s’adapter à la diversité et finalement, à mieux savoir qui il est.
Le parcours compagnonnique est jalonné de moments forts, notamment l’initiation, la réalisation de maquettes et du chef-d’œuvre, une pièce d’exception qui atteste de la maîtrise du métier et de l’évolution de l’apprenti. Cet ouvrage n’évalue pas seulement la compétence technique, mais aussi la persévérance, la réflexion et la capacité à surmonter les défis.
Lors de ce tour de France, Vincent conçoit une nouvelle maquette chaque année, jusqu’à réaliser son chef-d’œuvre en 2008 : une pièce inspirée de l’architecture normande, reflet de sa créativité et de sa maîtrise technique. Il est reçu Compagnon à Grenoble cette même année.
« Le chef-d’œuvre, c’est un miroir de soi. C’est le moment où tout ce qu’on a appris prend forme. »
Bien que le compagnonnage soit une formation formidable, cela n’aboutit pas à l’obtention d’un diplôme, Vincent passe alors son Brevet Professionnel en candidat libre pour parfaire son parcours. Deux choix s’offrent alors à lui, devenir sédentaire ou continuer l’itinérance.
Il poursuit son Tour de France : Marseille, Paris, puis en 2011, Montréal. Le Québec est un coup de cœur, il y découvre une toute autre approche du métier et de l’artisanat, mais une opportunité professionnelle le ramène en Normandie.
Après des années sur les routes, riches en projets et en rencontres, de retour en Normandie, Vincent doit apprivoiser la solitude.
Le compagnonnage, un peu d’histoire..
Le compagnonnage existe depuis au moins huit siècles et repose sur trois piliers : l’apprentissage, le voyage et la transmission.
Aujourd’hui, il existe plusieurs associations compagnonniques en raison des divisions historiques, qui remontent au Moyen Âge mais se sont particulièrement accentuées au XIXe siècle.
Après un éclatement au XIXe siècle et une réorganisation après la Seconde Guerre mondiale, on recense trois grandes organisations :
L’Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France (AOCDTF), axée sur les métiers du bâtiment et de l’industrie, qui a progressivement intégré les métiers de bouche.
L’Union compagnonnique (UC), ouverte à la diversité des métiers et des pratiques artisanales.
La Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment (FC), qui regroupe plusieurs corps de métiers, dont les compagnons charpentiers.
Au sein de cette dernière, la Société des Compagnons Charpentiers des Devoirs du Tour de France perpétue des savoir-faire d’exception et assure la formation des nouvelles générations.
Président de la Société des Compagnons Charpentiers : Un engagement pour l’avenir
Depuis juillet 2024, Vincent Guesnet préside la Société des Compagnons Charpentiers des Devoirs du Tour de France de la ville de Paris. Son rôle implique :
Le maintien des traditions et des valeurs compagnonniques
L’organisation de la formation des jeunes
Le développement du réseau des compagnons charpentiers en France.
“La force des Compagnons des Devoirs, qu’ils soient sédentaires ou itinérants, c’est le partage des valeurs humaines et la transmission des métiers avec bienveillance. ”
Visite de la maison des Compagnons- 19ème arrondissement – Un événement organisé avec le Cercle des entrepreneur.e.s, le 9 janvier 2025.
Un compagnon sédentaire mais toujours en mouvement
Depuis 2014, Vincent fonde sa première entreprise, puis reprend l’entreprise familiale de peinture en 2019. En parallèle, il suit une licence en gestion d’entreprise à l’École Supérieure du Bâtiment, qu’il obtient en 2021, avant de créer sa société de charpente.
La retransmission : un devoir
Aujourd’hui, Vincent Guesnet est un acteur local incontournable à la tête d’un groupe de 16 collaborateurs dans le métier du bois et de la peinture. Sur le territoire, il continue d’apporter une formation à trois jeunes itinérants accueillis à Pont-Audemer et dispense des cours de charpente lors de cours du soir et le week-end avec un autre compagnon, Romain Rocher.
Un parcours inspirant pour la nouvelle génération
L’histoire de Vincent Guesnet illustre parfaitement la richesse du compagnonnage : une formation exigeante, une expérience humaine forte et un engagement constant pour le métier et la transmission du savoir.
Retrouvez tous les services et prestations de Guesnet Peinture – Guesnet Charpente
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