Portraits d'entrepreneur·e·s

Emmanuelle Hoebanx, directrice commerciale de Protecop

25/02/2022

« Écoute, Innovation, Délais, Qualité, Traçabilité, Satisfaction », depuis 1982 Protecop située à Bernay conçoit, fabrique et commercialise du matériel de protection individuelle pour le maintien de l’ordre ainsi que des gilets pare-balles. Après des années passées à travailler dans le marketing pour la grande consommation, Emmanuelle Hoebanx rejoint l’entreprise familiale en tant que directrice commerciale. Un destin qu’elle n’avait jamais imaginé… Elle vous raconte son histoire.

Le Cercle des Entrepreneurs – Présentez vous en trois mots.

Emmanuelle Hoebanx : Entrepreneuse, instinctive et créative.

CdE – Quel a été votre parcours professionnel ?

E.H : J’ai travaillé 10 ans dans le marketing pour les produits de grande consommation, et notamment pour la marque « Élu Produit de l’Année », j’ai dirigé le bureau français et animé un réseau de licences dans près de 30 pays.

CdE – Dans quelle entreprise travaillez vous aujourd’hui et depuis combien de temps ? 

Emmanuelle Hoebanx : Il y a 10 ans, j’ai rejoint avec mon frère l’entreprise Protecop créée par mes parents, et qui est aujourd’hui dirigée par ma mère. J’occupe le poste de directrice commerciale au sein de notre entreprise à Bernay. 

de droite à gauche : Louis André Le Carpentier, Pascal Le Carpentier de Leusse, Emmanuelle Hoebanx

CdE – Pourquoi Bernay ? 

E.H : C’est une histoire qui a démarré il y a plusieurs générations et quand mon père a créé Protecop il a décidé de revenir s’y installer. Bernay a beaucoup de sens à mes yeux. J’y suis depuis que j’ai 3 ou 4 ans, j’y ai grandi, j’y ai fait mes études, j’y vis la moitié de la semaine… C’est un territoire auquel on est attachés, ma famille et moi, c’est un endroit où on a envie de voir grandir l’entreprise aujourd’hui. Et c’est aussi là que je pratique mes loisirs le week-end. Bref, c’est une grosse partie de ma vie ! Que ce soit mon frère ou moi, on y est complètement épanouis. On souhaite rester à Bernay le plus longtemps possible !

CdE – Vous avez fait du chemin… À votre avis que dirait l’enfant que vous étiez à la femme que vous êtes devenue ? 

E.H : « Ne m’oublie pas et reste libre », on essaye tous de garder notre part de Peter Pan !

CdE – Qui vous a inspirée ? Quelles ont été les rencontres les plus marquantes ? Celles qui vous ont permis d’en arriver là ? 

Emmanuelle Hoebanx : Mon premier mentor, c’était mon patron de la société Produit de l’Année, un homme brillant dont j’ai beaucoup appris. C’est lui qui a inventé tout ce concept, qui en a fait une marque à travers le monde. Il m’a fait confiance et m’a ouvert le champ des possibles. Et puis évidemment, mes parents m’ont beaucoup inspirée et transmis, parce qu’ils ont créé une entreprise en partant de rien ! Mon père a inventé les premiers équipements de maintien de l’ordre au monde et ma mère a voyagé partout pour les faire connaître. 

CdE – Est-ce que vous auriez imaginé reprendre l’entreprise familiale ? 

E.H : Absolument pas ! Car on ne l’avait pas du tout évoqué. On a vécu nos vies professionnelles, personnelles, sans jamais se dire : « À telle date, je reprendrai Protecop ! » La vie est une question d’opportunités, de moments, de choix, et c’est arrivé à la bonne période.

CdE – Qu’est-ce qui vous anime le plus dans votre métier ?

E.H : Le changement, la nouveauté, les challenges sans arrêt, la diversité de notre action, l’énergie qu’on peut y mettre… Ça ne s’arrête jamais ! Ce qui m’anime également, c’est le fait de faire grandir l’entreprise, les gens qui sont avec nous et la diversité des projets qu’on peut mener tous ensemble dans une PME familiale. On est en mouvement perpétuel !

Emmanuelle Hoebanx dans l’atelier de R&D de Protecop à Bernay

CdE Quelles sont les qualités primordiales pour exercer votre métier ?

E.H : Il faut de l’audace, de l’intuition – je me fie beaucoup à la mienne – et enfin de la persévérance ! 

CdE Quel a été le plus gros challenge auquel vous avez dû faire face ?

E.H : Fin 2016, la France est en état d’urgence. Nous recevons alors une importante commande de gilets pare-balles pour le ministère de l’Intérieur. Compte tenu du caractère particulier de cette période, nous devions livrer dans des délais très tendus. Avec l’appui des organismes locaux, nous avons pu embaucher plusieurs dizaines de personnes à Bernay. La commande a été produite et livrée en un temps record. Défi relevé !

CdE Quelle a été selon vous votre plus belle réussite ? 

Emmanuelle Hoebanx : Je pense qu’une transmission familiale accomplie est une belle réussite à la fois personnelle et professionnelle. 

CdE Durant la crise sanitaire, vous avez su rebondir, racontez nous.

E.H : En mars-avril, c’était assez surnaturel, on a vécu la même chose que tout le monde : c’est-à-dire qu’à un moment donné, on a fermé. Quand même, c’est notre métier de coudre ! En plus, on avait des gens qui souhaitaient revenir travailler, des machines à coudre – bon, on en a racheté un peu à l’occasion… En revanche, on avait un obstacle pour pouvoir fabriquer des masques. Notre entreprise utilise des tissus hyper techniques, incompatibles avec ce type de produits. Il nous fallait donc de la matière, on en n’avait pas. C’est comme ça qu’on s’est retrouvés à sous-traiter des masques pour une entreprise qui nécessitait des fabricants. Ce n’est pas nous qui les avons vendus directement, on les a fabriqués pour quelqu’un. C’était chouette parce que ça a permis de remettre plein de gens qui en avaient envie sur un projet, de participer à l’effort collectif, de jouer un rôle à ce moment-là tout simplement ! Donc ça avait du sens, surtout que par cette action, on est restés ancrés dans nos valeurs qui se retrouvent dans notre slogan : « Notre mission : votre protection ». Depuis cet événement, on n’a plus jamais fermé.

CdE Et vous avez continué cette activité durant les autres confinements ?

E.H : On a produit des masques seulement durant le premier confinement, après on a eu d’autres clients demandeurs de nos équipements qu’on devait livrer. Voilà, ça a été une super aventure et ça a permis d’avoir une petite équipe soudée. Je pense qu’il était important pour nos salariés de se dire : « Eh bien moi, mon entreprise, elle est ouverte et on participe à l’effort collectif. »

CdE – Qu’est-ce qui a changé dans votre entreprise depuis ces dernières années ? 

Emmanuelle Hoebanx : Nous avons pris le virage du climat en mettant en place une politique environnementale. Il faut savoir que Protecop est ISO 14001 depuis 2013. Il y a également une dimension de gestion parce qu’on a installé un ERP (un progiciel de gestion intégré), mais aussi une dimension de R&D très forte, et qui continue de prendre de l’ampleur… Donc il y a beaucoup de choses qui ont changé ces dernières années, j’ai l’impression que l’on n’arrête pas de se réinventer, mais c’est bien !

CdE – Et que faites vous aujourd’hui dans votre entreprise que vous ne ferez plus dans 10 ans ? 

E.H : Nous proposons déjà à nos clients des solutions de recyclage et de gestion de fin de vie de nos produits. Dans 10 ans, il est probable que nous n’utiliserons plus que des matières recyclées ou recyclables. 

CdE – Quels sont les engagements sociaux et environnementaux de votre entreprise ? 

E.H : La RSE intègre toutes les préoccupations sociales, environnementales et économiques de Protecop. D’ailleurs, Protecop à participé au Forum de Giverny en septembre sur le thème de la RSE. Protecop est une entreprise Locavore ancrée à Bernay. Nous choisissons des partenaires proches de nous afin de privilégier les circuits courts et les synergies. Pour ces mêmes raisons, et avec le soutien de #FranceRelance, nous projetons la construction d’un banc d’essai et la relocalisation d’une partie de la production sur le territoire normand pour rapprocher la recherche et la production, mais aussi pour réduire notre empreinte carbone. Nous attachons beaucoup d’importance à la formation, c’est pourquoi nous accueillons en permanence des alternants et des stagiaires. En 2020, ce sont plus de 860 heures de formation qui ont été réalisées. Notre volonté est de proposer de nouveaux débouchés à travers une usine écoresponsable, dans une zone rurale de revitalisation telle que Bernay.

CdE – Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter qui s’est déroulée au sein de votre parcours professionnel ?

E.H : Oui, en général quand on voyage on se retrouve parfois dans des situations amusantes. En l’occurrence, cette fois-là, je prenais un vol de nuit pour l’Afrique. Comme toujours, je prends de la mélatonine pour être certaine d’arriver d’attaque. Ce jour-là, on était déjà bien installés et prêts à partir donc je prends mon médicament. Sauf qu’on n’est pas partis ! Deux heures après, il a fallu descendre, récupérer ses valises, rentrer à la maison en attendant un prochain vol. J’étais complètement endormie et je luttais tant bien que mal. Heureusement, je voyageais avec quelqu’un de notre équipe, qui m’a aidée à récupérer mes valises. Maintenant, j’attends le décollage pour prendre le cachet. 

CdE – Si vous aviez une lampe magique comme le génie dans Aladdin, quels seraient vos trois vœux ? 

E.H : Je suis désolée mais vraiment je ne suis pas branchée vœux magiques. Je crois au pouvoir de chacun individuellement et collectivement. En revanche, si je peux faire ici une petite requête, j’adorerais que Bernay soit mieux desservie par le train !

CdE – Trois mots pour décrire votre parcours professionnel ou votre activité.

Emmmanuelle Hoebanx : Trois mots, c’est toujours difficile. Je dirai : avoir l’esprit d’équipe, oser, innover.

CdE – Un petit dicton fétiche ?

E.H : « Plus le défi est complexe, plus on a nos chances ! »

CdE – Enfin, que diriez vous aux personnes qui veulent nous rejoindre sur le territoire ?

E.H : Beaucoup de choses ! D’abord qu’on est déjà nombreux à avoir rejoint le territoire et qu’on va l’être de plus en plus, avec une belle dynamique. C’est une région riche, agréable, dans laquelle on se sent bien et que… Moi, je l’aime, ha ha ha ! Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour en parler, mais je pense qu’on ne peut que l’aimer ! Une fois qu’on est là, on n’a plus envie de partir, car c’est un territoire auquel on s’attache fortement, dont je ne connais pas encore toutes les richesses. Justement, je suis très contente d’être entrée dans le Cercle pour pouvoir connaître davantage les autres acteurs du territoire et que l’on puisse, ensemble, mieux le promouvoir !

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