Portraits d'entrepreneur·e·s

Basile Bohard, président directeur général du groupe Neodigital

21/01/2022

Neodigital, créée il y a 12 ans à Bernay, est un collectif de bâtisseur·es passionné·es réuni·es pour une seule et même quête; développer des lieux immersifs hybrides. À l’origine de cette entreprise en perpétuelle effervescence, Basile Bohard, un enfant du territoire qui cherche à pousser toujours plus loin les limites de sa créativité pour mettre au point des projets toujours plus innovants, toujours plus immersifs. Pour le Cercle des Entrepreneurs, il raconte son histoire, ses espoirs, sa vision de l’entreprenariat !

Le Cercle des Entrepreneurs – Présentez vous en trois mots.

Basile Bohard

Créatif, car je ne me satisfait rarement du convenu, et j’ai la fâcheuse habitude de remettre en question l’ordre “naturel” des choses. Visionnaire, Je pense qu’il faut toujours aller de l’avant, de voir grand, loin et sans limite. J’aime l’idée d’envisager les projets non pas sur la base de ce qui existe mais de ce qui pourrait exister et de le partager avec d’autres. Bernayens. Je suis fière d’être Normand et Bernayens, j’aime mon territoire et les gens qui y vivent. Que ce soient des amis, des commerçants, des entrepreneurs…il y a toujours eu beaucoup de bienveillance et de sympathie de leur part concernant mon parcours, mes essais, mes échecs, mes succès… 

CdE – Quel a été votre parcours professionnel ?

B.B : Je pense que le point de départ de mon parcours c’est la créativité. Cela a toujours guidé mon parcours de formation puis mon parcours professionnel. Tout a commencé avec la musique qui était pour moi à l’époque le moyen que j’avais trouvé pour m’exprimer. Je suis donc passé par le Conservatoire à Rouen. Puis à partir de là, il y a eu les concerts, les tournées et les sessions d’enregistrement studio. Puis très vite, j’ai eu envie de travailler le rapport entre l’image et la musique. J’ai donc commencé à réaliser et ai intégré une école de cinéma que j’ai rapidement arrêtée parce que le contexte donnait beaucoup d’importance à la théorie et à mon sens trop peu de place à l’expérimentation. C’est finalement en montant mes propres projets, en participant à des documentaires, des courts métrages que j’ai trouvé ma place. La suite est venue très naturellement. J’avais envie de porter des projets hors cadre et différent mais je me suis rapidement rendu compte qu’il y avait peu de partenaires et notamment de producteurs qui étaient prêts à parier sur mes projets. Je me suis alors dit que je pourrais produire moi-même et c’est ainsi qu’est née l’idée de Neodigital. J’ai alors produit mes propres concepts de documentaires, de séries etc. Très vite, la production m’est apparue comme un acte créatif à part entière. Au-delà bien sûr des préoccupations administratives ou financières, produire c’est aussi aller porter une vision, défendre des projets d’abord les miens puis bientôt ceux des autres. On a alors commencé à produire des documentaires pour France Télévision, pour France 5, pour Canal. On a également porté des projets de séries télé et web. L’une des premières, « Politique mode d’emploi » a très bien marché et nous a fait connaître. Après la télévision, nous avons commencé à travailler avec de grands groupes à qui nous proposions des contenus sur la question de la pédagogie, des nouvelles technologies, des contenus transmédia. Aujourd’hui, nous en sommes à ne plus simplement produire du contenu mais proposer une expérience globale et immersive en France et à l’international. Nous travaillons par exemple avec des musées pour offrir aux visiteurs une expérience immersive unique qui les guide tout au long de leur parcours. On ne visite alors plus simplement une exposition. Les visiteurs déambulent et interagissent avec le contenu, avec l’histoire qu’on leur raconte. Ils sont acteurs de l’expérience. De cette idée, est, par exemple, né notre dernier projet « Le Klub extraordinaire ».

CdE : – Pourquoi avoir choisi d’installer Neodigital à Bernay ?

Basile Bohard : Je n’étais pas entrepreneur à la base, je le suis devenu à la suite d’expériences et de projets qu’on a pu développer. Et quand je me suis lancé, je n’étais pas forcément rassuré. C’est pourquoi j’ai eu envie de m’installer là où je me sentais bien, c’est-à-dire chez moi. Bernay, j’y suis né. Je me suis donc dit, on commence ici à Bernay et on verra par la suite. Finalement, on n’est jamais parti. Il faut dire qu’au-delà de l’aspect affectif Bernay à de nombreux atouts. On a le train, de nombreux services. C’est en fait une ville à la campagne, à tout juste 1 h 30 de Paris. Depuis quelques années, le territoire est devenu de plus en plus attractif, et le post Covid a accéléré le mouvement. Des entreprises sont venues s’y installer, beaucoup de créatifs aussi. Finalement, c’est tout un écosystème qui nous est propice qui s’est construit ici à Bernay ces dernières années.

CdE – Vous avez fait du chemin… À votre avis que dirait l’enfant que vous étiez à l’homme que vous êtes devenu ?

B.B : Je ne regrette rien dans mon parcours. Chaque expérience m’a nourri. Les mauvaises m’ont permis d’apprendre et les bonnes d’avancer. J’ai aussi l’impression d’avoir gardé l’énergie et l’envie de mes débuts, celle qui me fait avancer, qui me motive à continuer à poursuivre mes rêves. Être entrepreneur me donne la possibilité d’avoir la main sur ce que je vais faire et je suis persuadé que si on n’y croit assez et qu’on travaille suffisamment pour atteindre ses objectifs, il y a de grandes chances qu’on y arrive. Je pense donc que l’enfant que j’étais me dirait : « Reste simple et donne toi toujours les moyens de vivre et de partager tes rêves ».

CdE – Qui vous a inspiré ? Quelles ont été les rencontres les plus marquantes ? Celles qui vous ont permis d’en arriver là ?

Basile Bohard : Je pense que tout est une question de rencontres. J’en ai fait tellement dans ma vie, qui m’ont toutes nourri à leur manière, que ce serait difficile pour moi de parler d’une personne plutôt que d’une autre. Mais s’il fallait en retenir  une, ça serait sans aucun doute ma famille ma plus belle rencontre ! 

CdE – Qu’est-ce qui vous anime le plus dans votre métier ? Dans le fait d’entreprendre ?

B.B : Je pense que c’est la notion de liberté d’action qui est pour moi favorable à la créativité. J’ai l’impression de pouvoir créer sans avoir vraiment de contraintes et surtout de pouvoir sans cesse tenter de repousser les limites. Je pense que c’est un bon moteur, en tout cas moi c’est ce qui me motive aujourd’hui. Je suis bâtisseur de mes propres projets, de ma propre vision et surtout je peux la partager et l’enrichir avec d’autres.  

CdE – Quelles sont les qualités primordiales pour exercer votre métier ?

Basile Bohard : Je pense qu’il faut être imaginatif, bienveillant et persuasif. Il faut bousculer les habitudes, créer et ne pas avoir peur d’innover ou de proposer des solutions totalement disruptives. Il faut aussi avoir la notion de partage, l’envie de collaborer et d’être curieux du talent des autres car on ne fait jamais les choses tout seul. Pour finir il est important d’aider chacun à révéler son plein potentiel et donner la meilleure version d’elle-même pour relever les défis qui s’offrent à nous ! 

CdE – Quel a été le plus gros challenge auquel vous avez dû faire face ?

B.B : Je pense que le plus gros défi à relever dans l’entrepreneuriat, c’est de réussir à entretenir la confiance dans son potentiel malgré les échecs. En d’autre termes, de ne pas perdre son enthousiasme, sa bienveillance et le désir de faire face aux difficultés. 

CdE – Quelle a été selon vous votre plus belle réussite ?

Basile Bohard : Je suis fier de tous les projets que j’ai portés, mais je suis encore plus fier de l’équipe avec laquelle je collabore depuis mes débuts. J’ai grandi avec elle, ils sont vaillants, travailleurs, bienveillants, ce sont de vrais vikings ! Ils n’ont peur de rien ! Ils m’ ont donné confiance en moi, permis d’être ce que je suis aujourd’hui. 

CdE – Qu’est-ce qui a changé dans votre entreprise depuis ces dernières années ? Et que faites vous aujourd’hui que vous ne ferez plus dans 10 ans ?

B.B : L’entreprise a évolué avec nos projets, notre maturité, notre vision des choses et ça s’est traduit par de la croissance en termes de chiffre d’affaires, de nombreux projets. Les équipes ont aussi évolué en fonction des projets et on en arrive aujourd’hui à un moment où on suspend la prestation de services pour d’autres et on se concentre sur nos propres projets. Dans les cinq prochaines années, il va y avoir une vraie métamorphose de Neodigital à la fois en matière de recrutement, d’équipes et de projets, mais également en termes d’ambition. On est d’ailleurs en train de porter une levée de fonds assez importante pour pouvoir développer ces projets. Pour dans 10 ans, j’espère que nous continuerons à émerveiller les gens avec des expériences immersives toujours plus merveilleuses.

CdE – Quels sont les engagements sociaux et environnementaux de votre entreprise ?

Basile Bohard : On a toujours été préoccupé par la question de l’éthique. Dans la partie production de contenus, on s’est toujours demandé comment on pouvait agir en termes d’économies d’énergie, de suivi énergétique. Dans la partie recrutement, on essaie aussi d’offrir le maximum de confort à nos collaborateurs. Salles de repos, espaces conviviaux, des activités, du team building sont autant de choses que nous avons mises en place. À travers nos productions, nous avons également porté des projets responsables en nous engageant, par exemple, sur la question du développement durable en produisant des contenus pédagogiques notamment avec Ecosystem. On a construit des projets sur l’accessibilité à la connaissance pour tous, des campagnes à propos du harcèlement à l’école avec Les petits citoyens.

CdE – La crise actuelle a-t-elle affecté votre manière de travailler ? Comment l’avez-vous gérée ? Quelles ont été vos solutions ?

B.B : On a eu la chance de pouvoir travailler à distance. Mais la crise a engendré une pénurie de matériels ce qui nous a impacté dans nos projets au niveau de la construction de décors, d’expériences. Dans la mesure où nous travaillons beaucoup avec les nouvelles technologies, les retards de livraison de matériels informatiques nous ont aussi fait défaut. On a aussi pris le temps de s’interroger sur le devenir de l’entreprise, sur notre envie de porter désormais nos propres projets, de nous concentrer sur des choses qui nous font vraiment vibrer.

CdE – Avez-vous une anecdote à nous raconter sur votre entreprise ?

B.B : Ce n’est pas forcément une anecdote, mais plutôt un fait marquant. J’ai la chance de vivre cette aventure entrepreneuriale en famille. J’ai créé Neodigital avec mon frère, Robin, et Delphine, ma compagne, nous l’avons fait grandir ensemble. Nous avons également grandi avec elle. Depuis quelques années, nos parents nous ont aussi rejoints dans l’aventure. C’est une chance de pouvoir vivre cette expérience ensemble !  

CdE – Si vous aviez une lampe magique comme le génie dans Aladdin, quels seraient vos trois vœux ?

Basile Bohard : Je n’aime pas faire de vœux. Si j’entreprends, ce n’est pas pour m’en remettre au hasard. (rires) J’ai juste une envie, c’est que l’entreprise continue à se développer et que l’on prenne du plaisir tout en en donnant aux autres.

CdE – Un petit dicton fétiche ?

B.B : C’est une citation de Walt Disney : “ Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d’un trait jusqu’au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. C’est la seule méthode que je connaisse, et elle m’a toujours réussi. ”  

CdE – Enfin, que diriez-vous aux personnes qui veulent nous rejoindre sur le territoire ?

Basile Bohard : L’intérêt de Bernay et son territoire, c’est qu’ici on se donne le temps de faire. C’est une bulle d’authenticité avec tous les services nécessaires pour vivre et entreprendre dans le confort et la bienveillance ! Nous vivons aujourd’hui une métamorphose économique sans précédent avec la montée en puissance d’entreprises historiques (Arkema, Biolog-Id, neodigital, Protecop…) et l’arrivée de nouvelles entreprises (Aero aura, Aeneas, Urban Connect, Happy Home…) ! Vu le potentiel du territoire, j’ai créé sur Bernay “la Villa des Conquérants”, le premier hôtel d’entreprises privé du territoire d’une superficie de 400 m2 intégrant des espaces de travail premium et de détente dans un cadre chaleureux et convivial. L’objectif avec ce nouveau lieu est d’aider la communauté d’entrepreneurs du territoire à collaborer et à se développer. J’ai conçu ce lieu pour que chacun puisse s’inspirer, créer et partager : salle de créativité, salle de conférence, bureaux privatifs, terrasse…

Workshop sur l’économie sociale et solidaire du Cercle des entrepreneur.e.s
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